Trail Glazig 56km 1000D+ - 4 février 2024 - Benoit BRETAGNE
Réveil 04h30, pas bien dormi avec l’excitation de la course qui m’attend, je monte dans la voiture direction Plourhan.
Je pratique la course à pied depuis plusieurs années mais ce fût longtemps sans régularité. J’ai commencé à faire des courses plus fréquemment qu’à partir de 2018 et plutôt sur des trails car j’ai toujours été fasciné par les épreuves de longue distance. En 2020, je devais faire Entre Dunes et Bouchots (45km) mais l’épreuve fut annulée, c’était les premiers jours du COVID. Après une petite pause, je m’y suis remis durant l’été 2021 et cela m’a amené jusqu' au Grand Menestrail (54km) en décembre 2021, puis au le trail des Légendes de Brocéliande (52km) en septembre 2022. C’était tout juste avant d’arriver à la JA Melesse.
Le Glazig est donc mon 3ème trail sur cette distance.
J’arrive à Plourhan quelques instants avant un départ prévu à 07h15. Il fait encore nuit et j’ai beaucoup de questionnements. J’ai décidé de faire cette course pour confirmer mes capacités sur ce type d’épreuve car si Le Grand Menestrail reste mon plus beau souvenir de course, j’avais davantage souffert sur le Trail des Légendes. Je suis aussi dans le doute sur ma préparation, de la fatigue dans les mollets m’avait plutôt invité à me ménager et je n’ai pas fait grand-chose de spécifique à part borner bêtement 40-50km par semaine pendant environs 2-3 mois.
La grande question du jour est donc de savoir si je confirme sur cette distance pour viser un 80km.
Le départ approche, je me place en milieu du sas. Inutile de partir trop vite, je sais que l’épreuve sera longue et qu’elle se passera dans la tête. Tout est bon à prendre et si je peux doubler des coureurs tout au long du parcours je sais que ça me donnera des ailes.
Quelques mots du speaker avant le coup de pétard et le départ des coureurs. Autour de nous, les torches incandescentes nous illuminent aux couleurs du Glazig et dans une ambiance celtique au son des binious et des bombardes.
Les premiers kilomètres se font de nuit sur des chemins en pleine campagne à un rythme tranquille, les gens discutent et le groupe est très compact. L’ambiance ressemble à l’échauffement du samedi matin au Quincampoix. On ralentit parfois à cause des franchissements boueux, comme si chacun essayait naïvement de garder les pieds au sec le plus longtemps possible, ça ne durera pas bien. Il faut rester concentré car le terrain est accidenté et il y a déjà quelques blessés à l’arrêt.
Lampe sur la tête, les coureurs tracent un sillon lumineux qui ondule dans la campagne. C’est magique !
Le jour se lève après un peu plus d’une heure de course, on entend les oiseaux chanter, la nature s’éveille timidement en cette saison. Le groupe est désormais nettement moins dense. Il faut gérer sur la durée alors je m’économise dans les montées parfois en marchant. Je me rassure avec les autres coureurs qui font la même chose.
Régulièrement, on traverse de véritables piscines de boue. Je m’amuse à franchir ces obstacles sans réduire l’allure pour doubler les coureurs embourbés. Mes jambes m’y autorisent encore. J’aime le côté tout terrain du trail et ce contact particulier avec la nature.
J’arrive à Port Moguer au bout de 24km avec un premier aperçu de la mer qui fait du bien. On croise des coureurs qui dévalent la pente à grandes enjambées avec plusieurs km d’avance sur nous. Il reste encore un peu de course en campagne avant d’arriver sur le GR au niveau de la plage de Bréhec. Et j’ai été prévenu, « la course commence à Bréhec ! ».
Après 30km, Bréhec donc, j’ai le sentiment d’avoir correctement géré ma course jusqu’ici. J’ai pas mal doublé sans aller trop vite et les jambes sont au rendez-vous après un peu plus de 3h de course. Le panorama qui se dévoile devant moi est sublime et je découvre la côte à cet endroit.
Tout le monde connait le mur des 30, ce moment où les réserves en glycogènes ne suffisent plus à vous faire avancer et où l’exigence de l’effort est plus grande. Le Trail Glazig vous offre cet instant aux environs de Plouha qui est connu pour accueillir les plus hautes falaises de Bretagne. Nous sommes alors sur la partie la plus difficile du parcours avec 500m de D+ sur 9km ou s’enchainement les montées abruptes et les descentes techniques. Je suis entré dans une autre course mais je gère bien. Je ressens évidemment la fatigue musculaire mais je n’ai aucune crampe. Je commence à penser que ça se passe plutôt bien et que j’ai bien fait d’écouter certains conseils.
Au bout de 40km, j’arrive sur une plage de galets, la plage du Palud. Les montées et les descentes s’enchaînent encore pendant 10km sur un parcours moins exigeant jusqu’à St Quay Portrieux mais le dénivelé franchi a laissé quelques traces.
Après avoir traversé la cité balnéaire de St Quay on quitte la côte au niveau de la Plage du Moulin. Il reste 5km dans la campagne et dans les bois. Je suis encore bien, la fatigue est là mais je n’ai eu aucune crampe ni douleur.
Je traverse la vallée du Ponto et un bois très humide avec de grandes fougères avant d’arriver à un dalot qui traverse une route. Il faut le franchir les pieds dans l’eau quasiment jusqu’aux genoux. Le passage est assez long, peut-être 50m. On est dans le noir car il y a un coude à l’extrémité qui empêche de voir la sortie. Si l’occasion de décrasser les chaussures et de se rafraîchir les pieds soulage un peu on est rapidement saisi par le froid et très content d’en ressortir.
J’accélère dans les deux derniers km et je grapille encore quelques places car j’ai toujours des coureurs en vue. Je n’ai d’ailleurs jamais été seul tout durant toute l’épreuve.
L’émotion est très grande à l’arrivée car après avoir exploré mes capacités physiques et mentales pendant 6h33’48’ j’ai validé l’objectif.
Je viserai un 80km la prochaine fois !